Togo / Bombouaka

Le centre médico-chirurgical Don Orione au TOGO

En février 2016, une demande d’aide émane du Père Alain Kini auprès de Rééducateurs Solidaires.

Objectif : améliorer des prises en charge des enfants porteurs d’un handicap (neuro-moteur).

Le Centre médico-chirurgical Don Orione de Bombouaka a vu le jour en 1980. Il est situé au nord du Togo, dans la région des Savanes, frontalière avec le Bénin et le Burkina Faso.

La structure médico-chirugico-éducative accueille des enfants et des adultes porteurs d’un handicap et leur famille. Ceux-ci reçoivent des soins médicaux et paramédicaux, ainsi qu’un enseignement scolaire afin d’être le plus autonome possible dans leur vie de futur adulte. Les familles sont éduquées aux soins spécifiques au handicap. Ils reçoivent écoute et soutien psychologique.

La structure est forte d’une équipe de rééducateurs : kiné, orthoprothésiste, psychologue, psychomotricien, infirmier… et d’une équipe éducative : éducateurs, sœurs…

La philosophie du Centre est « mettre debout ceux qui vivent au sol » !

Une seule école au Togo (ENAM) forme aux professions paramédicales ; les étudiant y suivent un cursus de 2 ans. Cependant, les nouveaux rééducateurs diplômés ont peu de ressources pédagogiques et un manque de formation dans le domaine de la rééducation de l’enfant handicapé neuro-moteur.

En décembre 2018, après de longs mois de travail, de prises de renseignements et d’échanges, le Conseil d’Administration donne son aval pour une mission exploratoire. Celle-ci a pour but d’évaluer sur place la pertinence des renseignements, d’objectiver les besoins, de compléter le cahier des charges.


La recherche de bénévoles pour un projet de rééducation socio-médicale

Rééducateurs Solidaires a ainsi missionné 2 bénévoles volontaires dont Marie-Aude pour une mission exploratoire de 15 jours à Bombouaka (Région des savanes, nord du Togo), afin d’évaluer les besoins socio-rééducatifs de la population et des acteurs du Centre médico-chirurgical Don Orione.

Suite à la rédaction du rapport de mission et l’élaboration des objectifs de la mission, nous sommes à la recherche de personnes souhaitant s’investir dans la conduite de ce projet.

Différents axes de travail ont été dégagés :

  • Formation et soutien des équipes médico-sociales dans les transmissions des informations (coordination et organisations des soins)
  • Information et accompagnement des parents d’enfant en situation de handicap
  • Formation et soutien des professionnels de la rééducation (kinésithérapeutes, ergothérapeutes, orthophonistes, orthoprothésistes, psychomotricien)


Le témoignage de bénévole

Marie-Aude, je suis heureuse de vous rencontrer et de pouvoir vous raconter cette petite expérience qui est la mienne au sein de Rééducateurs Solidaires. J’espère que vous prendrez autant de plaisir à lire ce cours récit que j’ai eu le plaisir à vous écrire et à me replonger dans cette mission exploratoire à Bombouaka (juin 2019). Je ne vous parlerai ni chiffre, ni pourcentage, ni statistique, ni financement. Je vous parlerai d’EUX.

Pour vous situer, Bombouaka est un petit village de la région des Savanes, au Nord du Togo. Petit village rural, certes, mais grand centre médico-social, avec des gens formidables. Quand je vous parle de « gens formidables », formidable est un euphémisme !

Les enfants et les adolescents, tout d’abord : ils sont accueillis à l’internat tout au long de l’année, du polyhandicap moteur à l’amputation, une entre-aide au quotidien ( déplacement des fauteuils, partage des repas, devoirs scolaires…), des parties de foot en béquilles (excusez-moi de l’humour mais Mr Zidane peut aller raccrocher ses crampons !!!), des spectateurs en fauteuil roulant brinquebalant, une ambiance aussi chaude que le climat, un tonnerre d’applaudissements et d’encouragements, un arbitrage discutable… cela égaie leurs longues prises en charge rééducative, leurs efforts de scolarité et d’intégration malgré leur handicap… c’est dans cette ambiance que j’ai été accueillie.

Les bébés, accompagnés de leur maman, pour des stages intensifs : de ma chambre (au-delà du centre, une petite maison où logent les frères de la communauté), j’entends les pleurs des bébés chaque matin. Ces pleurs m’ont attirée dans la salle de rééducation où se réunissent les mamans.

J’observe ces petits patients : la marche, encore de la marche, entre barre-parallèle, plâtrés, dans leur semblant de rollator en bois (petit clin d’œil à l’équipe d’orthoprothésistes et de menuisiers qui œuvre chaque jour et fait preuve de professionnalisme et d’imagination). Je fais ici la connaissance de Pédro, en larmes.

Il n’avait jamais vu « une blanche », il m’a regardée, à poser sa tête sur ma main…j’ai su au-delà de cette mission exploratoire, pourquoi j’étais là bénévole de « kinés du Monde » à l’époque…

Ces pleurs ont cessé et ont laissé place aux rires et à des interpellations quotidiennes de sa part pour un petit intermède de jeu avec moi…Ce duo fils-mère a permis d’amener ces mamans en souffrance à parler ouvertement et en confiance de leur difficultés quotidiennes chez elle, l’intégration difficile de leur petit au sein des communautés et des écoles…

« Marie-Aude, si vous pouvez être touchée par nos histoires et aimer nos petits comme ils sont, alors cela peut vouloir dire que nous pouvons les aimer ainsi, cela veut pouvoir dire que nos familles peuvent les aimer aussi ! » (petit message reçu de la part de ces mères via la maman de Pédro le jour du départ).

Le manque de connaissance entraine toujours une peur quelle que soit la culture, quel que soit le pays.

Les kinés et surtout Solange : c’est la kiné coordinatrice de l’équipe, maman seule avec 2 enfants.

Parce je suis maman moi-même, je m’y identifie : « j’ai trouvé ma sœur blanche » voilà ce qu’elle dit de moi.

Parce que je suis kiné pédiatrique comme eux, je comprends d’autant plus leurs questionnements, leur envie de faire plus et mieux pour plus et encore plus…

Ces équipes médicale, de rééducation, socio-éducative : ils sont nombreux à œuvrer pour un avenir meilleur pour chaque petit, chaque famille, chaque patient. Cette mission exploratoire a mis en évidence leur motivation pour leurs patients. Une mission longue peut leur apporter plus de soutien de coordination, des enseignements spécifiques pour limiter les risques de fausses routes, améliorer les outils de communication parents-enfants, aider à l’intégration…des exemples concrets des différents axes de travail que nous avons envisagés.

Enfin, la communauté : les frères et le Père Alain Kini, directeur du Centre mais un Papa pour les petits de l’internat. Il connait chaque enfant, chaque handicap, chaque situation familiale, trouve de l’argent là où il n’y en a pas pour accueillir toujours plus d’enfants. Il dirige le centre avec fermeté, justice et justesse, bienveillant pour chaque membre des équipes. Il veut donner à chaque enfant les moyens et la chance de devenir un adulte indépendant. Depuis la mission, malgré la pandémie, il n’a eu de cesse de faire progresser le centre, dans le recrutement du personnel, l’informatisation des données, la communication, et de l’embellir…

« Car y travailler, y passer de longues journées de rééducation, de longues journées d’école, nécessite aussi un lieu accueillant ».

Aujourd’hui, 3 ans après, nous continuons, le copil Togo, tous les membres de « Rééducateurs Solidaires », et le Père Alain à œuvrer pour faire partir enfin nos bénévoles sur place et leur laisser découvrir et travailler avec ces enfants extraordinaires et ces équipes formidables.

Bien à vous,
Marie-Aude.

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